Surprise à croquer - {Declan & Meg}

Aponi et Billy, les propriétaires du musée d’Arts Amérindiens, avait accepté tout de suite lorsque Margareth leur avait demandé de faire un stage à New Carby. L’amitié entre le couple et Meg avait débuté à la fac de Sedona, lors de cette fameuse exposition sur les amérindiens et depuis ils n’avaient cessé d’être en contact. Grace à eux, elle avait en quelque sorte renouée avec ses origines. Elle avait, durant tant d’années, renié ce qu’elle était... Meg était le mélange plus que réussi de : ¼ Coréenne, ¼ Texane et ½ Navajo. Elle ne dissimulait plus tout ça, à présent, mettant même en avant ses origines. Ses yeux bridés s’éclipsaient devant sa chevelure noir de jais et sa peau matte, marquant son appartenance à un peuple amérindien.

Les visites n’étaient pas très nombreuses durant la semaine, quelques touristes de passage, parfois un groupe scolaire ou bien un habitant de la ville ne savantpas trop quoi faire de sa journée. Elle avait débarqué à New Carby la semaine précédente, et avait débuté son stage dès le lundi suivant. Elle n’avait pas été assignée à un poste en priorité, Aponi lui avait laissé quartier libre dans son musé. Elle lui avait conseillé de laissé parlé sa fibre artistique. Alors Meg avait fait un peu de tout depuis le début de son stage : elle accueillait les gens, étudiait les objets, faisait des recherches dans les livres ou bien dans la base de donnée, mais gardait toujours son carnet de croquis à porté de main.

En ce jeudi après-midi, il n’y avait personne au musée, l’endroit était vraiment désert, ce qui lui avait donné une drôle d’impression. Mélange de sérénité et d’une pointe d’angoisse. Elle alla se poser sur un banc au milieu de l’espace réservé aux peuples Lakotas et Dakotas. Elle était en train de croquer un arc, le mettant en scène : tenu par un homme chassant un bison. Concentrée, elle n’avait pas fait attention qu’un homme était entré dans l’espace. Soudain, elle ressentie une présence près d’elle, et sursauta lorsqu’elle constata qu’un jeune homme était penché et observait ce qu’elle était en train de dessiner :

- Je peux vous aider ? Demanda-t-elle, essayant de masqué l’irritation qu’elle avait pu ressentir de ce faire surprendre de la sorte.

New Carby avait beau être un petit patelin paumé dans le désert, cette petite ville avait un passé intéressant et pour le faire quelle est le meilleure moyen? Un musée bien sûr. Ce n'était certes pas un endroit aussi populaire que le Coyote mais c'était un endroit intéressant. Le fils raté du shérif n'avait pas la meilleure réputation, les habitants se gardaient bien de lui dire en face par hypocrisie mais aussi car c'était le fils du shérif et venir dans un musée était bien la dernière chose que quelqu'un penserait possible. Bien qu'il ne soit pas un Einstein, il n'était pas débile pour autant et il s'intéressait au passé de son pays. Un passé intéressant pour un artiste comme lui. Il décida donc d'y aller faire un tour sachant que les probabilité qu'il rencontre une personne était bien mince voire inexistante - à part pour les propriétaires bien évidemment.

Il rentra donc dedans après avoir payé. Il visita la plupart des musée, dessinant à la va vite quelques objets amérindiens. Il arriva dans une autre pièce et il vit une demoiselle en train de dessiner ou d'écrire vu sa position. En toute discrétion, il alla vers elle et regarda. Elle sentit sa présence et tourna son visage en lui demandant si elle pouvait l'aider. Il ne remarqua pas vraiment son irritation, trop concentré sur le dessin. Il répondit simplement :

- La patte arrière du bison et le bout de la flèche de l'arc manquent de détails sinon je n'ai pas besoin d'aide.

Répondit il avec un léger sourire amusé. Diplôme des beaux arts de Austin, il pensait bien pouvoir donner son avis sur un dessin plutôt bien fait. Il se remit droit et dit :

- Declan Foster, enchanté.

L’irritation qu’elle avait ressentie pour le jeune homme ne fit qu’augmenter lorsqu’il critiqua son travail. Comment osait-il critiquer ce qui n’était qu’une simple ébauche, destiné au regard de Meg. Elle avait entendu ce qu’il avait dit à propos de son croquis et elle pu constater qu’il avait en partie raison. Mais tout ça n’avait pas de poids face à l’orgueil de la jeune Navajo. Car oui, Margareth pouvait se montrer orgueilleuse, surtout quand on touchait à son travail, à sa passion. Elle acceptait les critiques lorsqu’elles étaient bien formulées et non balancées comme si de rien n’était, par un mec qu’elle n’avait jamais vu. Le sourire du visiteur l’agaça et elle ne pu s’empêcher de lui rétorquer, avec elle aussi un grand sourire :

- J’aurais pu être enchanté Declan, si seulement vous n’aviez pas critiqué mon travail. Sachez, Monsieur Foster, qu’une esquisse n’a pas besoin d’être détaillé. Et qui vous dit que je voulais détailler quoi que ce soit. Et même si c’était le cas, qui vous dit que j’avais fini ? Ca ne se fait pas de critiquer un travail inachevé... Mais si vous y connaissiez quelque chose, vous le sauriez !

L’impatience la tirailla et elle referma son carnet de croquis. Elle avait hâte de quitter la pièce et de pouvoir effacer le sourire qu’elle se forçait de garder en face du jeune homme. Alors qu’elle passait à côté de lui, le contournant pour pouvoir sortir de la pièce, elle se demanda s’il y connaissait quelque chose en dessin ou autre art graphique, ou bien avait-il simplement voulu l’aborder. Elle regrettait d’être impulsive par moment, ce Declan était la première personne qu’elle voyait au musée depuis le début de la journée. Elle ne l’avait certes pas agressé, elle avait gardé le sourire, mais certaines choses qu’elle avait dites pouvaient trahir son irritation. Elle attendit la réaction du jeune homme, s’il la retenait, elle essaierait surement d’être un peu plus courtoise et moins sur la défensive.

Declan savait très bien qu'il y avait de bien meilleurs solutions pour aborder une personne qu'il ne connaissait absolument pas que de faire des observations pouvant être mal prise. Le fils du shérif n'avait en aucun cas dit cela pour être désagréable. Il se souvenait bien de la première fois qu'un de ses professeurs lui avait fait une remarque sur un dessin qu'il n'avait toujours pas fini et il l'avait plutôt mal pris surtout qu'il comptait corriger les défauts de sa peinture. Enfin, il avait dit cela avec mille fois plus de gentillesse et de politesse que son ancien prof qui manquait grandement de tact bien qu'il soit un talentueux peintre. Son sourire était à double tranchant en quelques sortes, soit on adorait soit on détestait et c'était visiblement le deuxième cas vu la réaction de la jeune femme.

- Je ne faisais que des observations. Vu que vous avez détaillé le bison, vous alliez surement détailler le reste. Je pense m'y connaître un minimum.

Répondit il sans lui dire qu'il avait été diplômé des Beaux Arts, en sortant major de sa promotion d'ailleurs. Il se leva et alla vers la jeune femme. Il lui sourit de nouveau mais c'était un sourire d'excuse et il ajouta :

- Désolé, ce n'était pas vraiment la meilleure façon de vous aborder. J'ai pas pu m'empêcher de regarder votre esquisse et je dois dire que vous êtes douée.

Il pouvait bien être sympathique quand il s'en donnait la peine. Il avait bien remarqué qu'il l'avait irrité, malgré son sourire ses phrases le montrait bien.

Il l’avait retenu en s’expliquant sur les raisons de ses critiques. Et tout semblait fondé, il affirmait d’autant plus s’y connaitre un minimum en art, ce qui n’était pas surprenant vu qu’il était dans un musée, en plein milieu de la journée. Premier visiteur de la journée d’ailleurs et qu’il semblait ni perdu, ni ennuyer, cela voulait surement dire qu’il avait envie de flâner dans les différentes salles. Il se leva et s’approcha de Meg, qui se trouvait juste à l’entrée de la salle, son carnet à croquis solidement serrer contre elle. Il lui sourit de nouveau, s’excusa et la complimenta sur son coup de crayon. Elle avait ravie qu’il s’excuse. Malgré ces compliments concernant son don pour dessiner, ce n’était pas cela qui poussa Meg à lui “pardonner” ses critiques. C’était la façon dont il les avait formulés. Cela semblait sincère et Meg changea de comportement dès cet instant. De plus, comment pouvait-elle résister à un sourire pareil et à ses yeux qui la suppliaient presque de lui pardonner. Elle baissa sa garde et sourit, pour de bon cette fois en lui tendant la main :

- Meg Vega. Ravie de vous rencontrer Declan Foster, dit-elle en lui serrant la main.

Etait-ce possible après tout que ce jeune homme puisse être une personne intéressante ? Tout n’avait pas spécialement bien commencé entre eux, et Meg fit tout pour arranger les choses. Sachant pertinemment que c’était elle qui avait fait tourner court cet échange. Elle continua la conversation, de façon beaucoup plus chaleureuse.

- Amateur d’art, vous venez souvent ici ou bien est-ce que vous vouliez vous abritez dans un endroit climatisé ? Elle se mit à rire puis s’expliqua. Ca va faire une semaine que je bosse ici et la plupart des visiteurs sont soit des lycéens qui n’ont pas forcément envie de venir ici, soit des gens cherchant un peu de fraicheur pour échapper à la chaleur caniculaire de New Carby. Je n’ai encore pas rencontré d’amateur d’art depuis mon arrivée ! Si vous pouviez être un amateur d’art, ça m’arrangerais... J’aurais au moins une personne avec qui discuter de ma passion dans cette ville ! Vous êtes du coin ?

Et voila, la tornade Meg avait été lancée. Elle était comme ça, pouvant passer d’une émotion à une autre en moins de dix secondes. Mais ce qui l’excitait au plus haut point, lui provocant un flot de paroles incontrôlé, c’était quand elle parlait de son art, de l’art amérindien et de toute forme d’art en général.

Declan ne disait jamais rien sans le penser réellement, et il n'avait pas fait des critiques mais des observations puis il était d'accord pour dire qu'il n'avait pas été des plus aimables. Il n'avait rien dit de faux sur son croquis, même si elle n'avait pas du tout fini. Il n'avait pas pu s'en empêcher, il n'avait pas vu une personne dessinant aussi bien depuis qu'il avait été diplômé et qu'il était revenu à New Carby.
Meg ne pouvait pas savoir qu'il avait été aux Beaux Arts, il ne l'avait jamais vu en ville et il pensait donc qu'elle était une nouvelle comme il y en beaucoup en ce moment. Il ne savait pas qu'il était le premier visiteur de la journée. Declan était en manque d'inspiration et à chaque fois qu'il venait ici il la retrouvait donc il était venu ; le fait que le musée ait une climatisation pouvait en faire venir plus d'un par la chaleur qui courait en ce moment mais ce n'était pas le cas du jeune Foster.
Le beau brun remarqua que Meg venait de lui pardonner vu qu'elle lui sourit mais aussi qu'elle se dit enchanté de sa rencontre avec le jeune fils du shérif. Son sourire lui avait bien plus d'une fois service et c'était le cas encore une fois.

Declan serra la main de la jeune femme tout en lui souriant encore une fois. La jeune femme passait du tout au tout. Alors qu'au départ elle n'avait parlé que le minimum des choses désormais elle parlait beaucoup. Il sourit amusé par ses questions et il lui dit :

- Quand je suis en manque d'inspiration je viens ici.

Il la comprenait mieux désormais qu'elle c'était expliquée. Il lui dit :

- Ouais, je comprends. J'étais le seul du lycée à être intéressé en venant ici. J'habite ici depuis toujours.

Dit il, enfin à l'époque du lycée il avait beau être intéressé il n'en avait pas l'air. Il lui dit :

- Je suis diplômé des Beaux Arts de Austin alors je pense pouvoir dire que j'aime l'art.

Elle le vit sourire, elle supposa que c’était à cause du fait qu’il avait un moulin à parole en face d’elle. Elle avait fini par faire barrages aux mots qui voulaient sortir de sa bouche, le laissant ainsi en placer une. Et c’est ce qu’il fit en lui avouant qu’il venait souvent ici lorsqu’il était en manque d’inspiration.
Le manque d’inspiration, elle connaissait. Cet endroit était un des rares qui arrivait à l’inspirer durant des heures. En réalité, ce qui l’inspirait c’était tout ce qui touchait aux amérindiens en général. Rien de plus, rien de moins. Plus d’une fois elle avait été en panne d’inspiration après avoir reçu un sujet à travailler par ses professeurs d’Art. Et la seule échappatoire à tout ça, était soit de se plonger dans une ambiance amérindienne dans sa petite chambre louée durant ses études, ou bien de faire en sorte que son travail contienne une petite touche amérindienne. Cela pouvait sembler superficiel pour certains, un peu idiot pour d’autre, mais pour Meg, cela était tout simplement nécessaire. Elle s’était libérée en extériorisant ses origines et maintenant elle tentait de les exprimé autant qu’elle le pouvait, afin de rattraper toutes ses années à vouloir les cacher.

Elle apprit également qu’il habitait New Carby depuis toujours. Elle n’avait perçu dans sa voix aucune gène à être un habitant de la ville, ni un enthousiasme sans bornes. De ce qu’elle avait pu constater depuis son arrivée, les jeunes d’ici n’avait qu’une hâte, s’enfuir de cette ville perdue au milieu des plaines de l’Arizona. Alors que Meg aurait adoré y passer toute sa jeunesse au lieu de parcourir le pays de ville en ville avec une mère incapable de se poser plus d’une année quelque part. Mais ce qui l’impressionna c’est lorsqu’il lui avoua qu’il était diplômé de la Art School d’Austin. Avec New York, Boston, Philadelphie ou encore Los Angeles, l’Art School d’Austin au Texas était l’une des écoles les plus réputées du pays. Elle aurait adoré y étudier mais ces moyens de lui en avait pas donné l’occasion à l’époque. Elle ne regrettait en rien son inscription à l’école d’arts et de design de Sedona. Sans ça elle n’aurait pas connu Aponi et son mari et elle n’aurait pas fait ce stage à New Carby. Son visage était marqué par la surprise et une sorte d’admiration, ce n’était pas tout les jours qu’elle rencontrait un artiste de cette trempe. Elle n’avait encore rien vu de son travail mais avait ce sentiment qu’il avait du talent.

- Austin ? Tu es diplômé d’Austin !

Elle avait utilisé le tutoiement d’une façon tellement spontanée qu’elle ne s’en était même pas rendu compte. Elle continua sur cette voie :

- Il va falloir que tu me montres tes œuvres, obligé !

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