Whispers in The Dark [PV Maureen]

"You feel so lonely and ragged
You lay here broken and naked"

Sa sortie d’hôpital n’avait pas été de tout repos. Après avoir apprit la nouvelle concernant le décès d’Emy, en ajoutant à ça, ses hallucinations concernant Roscoe et toute cette ville qui semblait à la fois si semblable et si différente de sa New Carby. Maureen n’était pas au mieux de sa forme. Ajouter à ça, sa visite chez Sam et la vue de son pick-up en bouillit. Elle avait fondue en larmes, se ridiculisant devant le garagiste à l’allure si agressive.

Elle venait de sortir de l’hôpital après 5 jours de soins et d’observation. Les stigmates de son accident la trahissaient : sa blessure à la cuisse la faisait encore souffrir, ainsi que la brûlure sur sa poitrine, mais tout ça elle pouvait le cacher, comparé à l’horrible pansement qu’elle avait sur le front ! Son pick-up était immobilisé pour, au moins, 2 semaines. Elle n’avait pas d’autre choix que de prendre une chambre au Borro Jim Motel, sachant pertinemment que la Libellule devait être complète. Elle prit donc la grande rue principale qui traversait la ville de part en part et se dirigea vers le motel, en trainant des pieds. La réputation du motel n’était plus à refaire, et combien de fois avait-elle entendu ses histoires morbides. Le gérant du motel n’avait rien d’accueillant avec ses dents jaunies par le tabac et sa figure rouge pivoine, colorée par trop d’alcool absorbée. Elle hésita à entrer, regardant aux alentours, elle remarqua la chapelle... Après une grande inspiration, elle entra dans le miteux établissement, réserva une chambre et sortie aussitôt, une clé à la main. Heureusement, elle n’avait pas hérité de la soi-disant “chambre-maudite” , ce qui la rassura un peu, mais elle n’avait pas envie d’aller dormir, elle voulait retarder le plus possible sa montée dans la chambre et la découverte de ce qui pourrait être une vision d’horreur.

Son sac à main ne contenant que de maigres effets personnels vissé sur l’épaule, Maureen agrippa son bien et s’en alla vers la chapelle. Elle n’était pas croyante, pour elle Dieu n’était rien de plus qu’une supercherie, si Dieu avait vraiment existé, ils auraient répondu à ses prières lorsqu’elle était enfant. Dieu aurait fait en sorte que ses parents restent en vie, que son frère ne meurt pas, que Lan, Jason et tous les autres ne périssent pas dans les flammes du Ranch. Maureen n’avait jamais vécue en paix et en harmonie, alors croire en Dieu était impensable pour la petite blonde. Mais elle savait qu’Emily Danes était pratiquante, elle se souvenait de ses après-midi où elle l’accompagnait à la chapelle pour bruler un cierge à la mémoire d’un des défunts de New Carby. Et c’est ce qu’elle se décida à faire.

Cela faisait des années qu’elle n’avait pas mit les pieds dans ce lieu saint. Depuis son départ, rectification, depuis son exil de New Carby, il y avait une peu plus de 6 ans. Elle entra par une petite porte dérobée sur le côté de l’édifice. Peu de personnes connaissait cette entrée, même parmi les fidèles, certains ne connaissait que l’entrée principale et ses 2 lourdes portes qui grinçaient dès qu’on essayait de les bouger. Elle était une pue mal à l’aise, elle avait l’impression de ressentir une présence dans ce lieu mystique, et cela la dérangeait... Mais elle était aussi fatiguée, et cet endroit bien qu’un peu spécial, était logiquement réputer pour que les gens se recueillent et c’est ce que Maureen avait l’intention de faire.

Elle alla jusqu’à une table où des dizaines de flammes dansèrent dès qu’elle arriva à leur hauteur. Certaines bougies étaient éteintes mais elle fut surprise par le nombre de bougies allumés. Combien de personnes étaient venus allumer une flamme en l’honneur d’un défunt.... Elle prit une fine lamelle de bois et l’approcha du grand cierge à sa droite, une fois le feu transféré vers le bois, elle dirigea la baguette vers une petite bougie, tout en pensant à son amie Emy. Ses gestes étaient lents, solennel, et elle attentait que la flamme aille bien englober la mèche pour souffler sur le bâton incandescent. Elle observa la flamme virevolter au rythme de sa respiration puis elle se dirigea vers les bancs. Elle n’avait pas l’intention de prier, loin de là, elle voulait juste s’asseoir et tenter de retrouver un peu de sérénité avant d’aller passer la nuit dans ce motel sordide.

Elle fut surprise de voir un homme à quelques pas de la crypte et ne pu éviter la collision. Elle heurta l’épaule de l’homme qui devait frôler les deux mètres et le sac qu’il avait en bandoulière tangua dangereusement, laissant échapper un appareil. Maureen eut juste de temps de le rattraper avant qu’il ne tombe et se fracasse sur le sol de la chapelle. Un scanner, elle avait tout de suite reconnu cet étrange instrument dont elle se servait dans sa librairie de Boston. Elle leva les yeux et reconnu le sac puis l’homme qui en était le propriétaire. Elle l’avait vu sortir du Carby Grill, elle avait entendu les jeunes filles évaluer le sex-appeal du jeune homme, et commérer à propos de sa fortune et du logiciel qui l’avait amené à gagné beaucoup d’argent. Elle devait avouer que dans cette chapelle, à la lueur des bougies qui éclairaient les lieux, il avait un quelque chose de très sexy... Mais elle n’avait pas l’intention de fantasmer durant des heures, elle n’en avait pas l’envie ni le temps d’ailleurs. Tout était trop étrange dans sa vie pour qu’elle pense à autre chose que son départ de cette ville. Elle considéra une nouvelle fois le scanner qu’elle tenait dans ses deux mains.

- Je suis vraiment désolé, je ne pensais pas qu’il y avait quelqu’un ! Je... Je ne vous avais pas vu ! Mais heureusement que j’ai de bons reflexes. Tenez, ça aurait été dommage qu’il tombe, ça coute une petite fortune ce genre de scanner.

Elle tendit l’objet à son propriétaire et attendit sa réaction.

Ou vous auriez pu simplement faire attention, ou vous mettiez les pieds

Tu peux dégager le passage, maintenant

La réaction du jeune homme ne se fit pas attendre et il lui arracha presque des mains le scanner qu’elle avait sauvé. Enfin il mit quelques secondes à réagir, comme s’il avait été pris sur le fait, et ensuite il avait eu cette réaction un peu brusque. Il l’avait scruté quelques instants et avait fini par lui prendre l’objet des mains, avec vigueur et sans un merci. Elle avait été mal à l’aise par ce regard inquisiteur et encore plus à cause de ses blessures. Elle devait avoir une tête affreuse mais cela ne donnait pas le droit à cet homme de la regarder ainsi ! Elle fut d’ailleurs désagréablement surprise lorsqu’il lui répondit froidement :

Ou vous auriez pu simplement faire attention, ou vous mettiez les pieds

Elle était incapable de lui répondre quoi que ce soit, bien trop abasourdie par le toupet de l’homme qui était sorti de nulle part. En plus de ça, Maureen n’était pas très douée, question répartie. Elle était réfléchie, observatrice et ce soir-là, encore, son manque d’entrainement aux joutes verbales se fit ressentir. L’ombre du souvenir de Roscoe plana un moment au dessus de sa tête... Troublée, elle observa le grand dadais et elle ne pu s’empêcher de le comparé à son meilleur ennemi. Cela était débile, la fatigue en était surement la cause, mais elle tomba dans une sorte de torpeur, consciente qu’elle détaillait l’homme se tenant devant elle, afin de lui trouvé des similitudes avec celui qu’elle avait ramené à New Carby dans un cercueil.

Mais elle stoppa très vite son analyse quand elle croisa le regard noir du gars. Elle frissonna et tressaillit lorsqu’il lui demanda sèchement de dégager. Encore une fois, elle resta stoïque, impassible, mais au fond d’elle, elle bouillait. Elle croisa les bras et écarta légèrement les jambes, s’ancrant inconsciemment dans le sol, tandis qu’elle le voyait sourire, avec un air suffisant. Une seule personne l’avait traité de la sorte, dans toute sa vie, et elle s’était juré de ne jamais se retrouver en pareil situation. Seul Roscoe avait osé la traité ainsi et elle ne voulait plus subir ce genre d’humiliation. Elle observa le pro de l’informatique avec défi et ouvra enfin la bouche pour parler de manière claire et calme :

- La politesse, tu ne connais pas, on dirait ! Pardon... S’il te plait... Ca te dit vaguement quelque chose ?

Ironisa-t-elle

Y’a pas de quoi pour le scanner, si j’avais su, je ne me serais pas excusée !

Elle se sentit tout de suite mieux et faisant quelques pas sur sa droite, elle barra franchement le passage au jeune homme. Sans baisser son regard, elle remarqua d’où il pouvait venir. Une crypte, un type un peu nerveux, un sac qu’il tenait fermement et ce scanner. Il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour comprendre qu’il manigançait quelque chose.

- Je ne bougerais pas d’ici mon gars ! Je suis venue me recueillir, contrairement à toi !

Elle ne dit plus rien d’autre, sachant pertinemment qu’elle était dans le vrai. Elle aurait voulu lui tenir tête encore un moment, mais sa blessure à la cuisse commença à l’élancer. Les médocs ne faisaient plus d’effets. Elle grimaça légèrement et fini par s’asseoir sur la deuxième rangée de bancs qui faisait face au chœur.

Humm , et qui te dis que je suis pas venue me recueillir, jolie blonde ? Parce que j'ai peut être pas l'accoutrement de circonstances ?

Alors je reste aussi dans les parages parce que j'aime bien avoir le dernier mot, et puis faudrait pas qu'on me reproche de la non assistance à personne en danger, si tu venais à t'étaler parce que tu tiens à peine debout

Une fois assise, la douleur se dissipa peu à peu. Depuis sa sortie d’hôpital, elle n’avait pas été ménagée. Après l’annonce de la mort d’Emy, la rencontre puis le malaise de Maxence... Ses nerfs avaient été mis à rude épreuve. Et toute cette tension accumulée avait irradiée sa plaie à la cuisse au moment où elle avait été surprise par le jeune homme dans cette chapelle. Ou bien était-ce elle qui l’avait surprise...

Rien dans l’accoutrement ni dans l’attitude du jeune homme ne faisait croire qu’il était venu se recueillir, cela Maureen en avait la certitude. Mais elle évita de lui répondre, pour le moment sa douleur l’inquiétait un peu. Elle avait beau se dissiper, elle était encore assez vive pour lui lancer des décharges dans la cuisse. Elle tentait de se calmer, de réguler ses fréquences cardiaques... Inspiration, expiration. Elle faisait attention à sa respiration tout en écoutant l’informaticien plaider sa cause.

Maureen cru déceler quelque chose de familier dans l’attitude du garçon, un petit quelque chose de déjà-vu. Et pour cause, il était en quelque sorte un mini-Roscoe en puissance. Tout aussi suffisant par moment, avec un charme certain, mais qui avait une fâcheuse tendance à l’insupporter. Au moins ce type ne la connaissait pas ! Ce qui était une bonne chose, il n’aurait aucune munition pour la tourner en bourrique ou tenter de lui faire mal par de simples mots.

Il alla s’installer à côté de Maureen et elle soupira, croisant les bras afin de se protéger et de montrer à l’étranger tout ce que sa présence lui inspirait : de l’ennui. Enfin c’est ce qu’elle voulait lui faire croire, car lorsqu’il s’installa à ses côtés, pianotant sur son ordinateur portable, elle était à l’affut. Elle était impressionnée par la vitesse dont il tripotait les touches de son clavier. Puis il la fit sursauter lorsqu’il lui lança, avec un sourire au coin :

Hunter D. Williams a écrit:: " Alors je reste aussi dans les parages parce que j'aime bien avoir le dernier mot, et puis faudrait pas qu'on me reproche de la non assistance à personne en danger, si tu venais à t'étaler parce que tu tiens à peine debout."

Il aimait bien avoir le dernier mot, cela la fit sourire : elle avait un mini-Roscoe en devenir assis juste à côté d’elle. Mais cette présence bien qu’assez réconfortante et distrayante n’était pas de mise ce soir. Elle n’avait pas envie de se distraire, elle voulait se souvenir et l’énergumène qui pianotait sur son portable eut raison de ses nerfs. Elle se leva précipitamment et se dirigea vers la sortie :

- On ne peut pas être tranquille deux minutes dans cette ville !

Elle était frustrée de ne pas pouvoir se recueillir en paix, de ne pas pouvoir penser tranquillement à tout ce qui c’était passé durant sa journée. Mais une fois sortie de l’enceinte sacrée, elle eut un frisson. La nuit était vraiment noire et malgré le néon grésillant du motel plus loin, elle n’était pas rassurée. Surtout qu’elle sentait une présence derrière elle... Accélérant le pas, autant que pouvait lui permettre sa cuisse endolorie, elle avait hâte de pouvoir pousser la porte du motel. Ce qui était un comble car elle avait tenté d’y échapper quelques heures plus tôt !

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