Rêvons de grâce matinée le Samedi matin [PV Meg]

- Qu'est-ce que tu me veux encore Keenan ? Tu me fatigues...

Son frère se tenait droit devant elle, un sourire mesquin juché sur les lèvres. Elle avait bien du mal à croire qu'ils étaient apparentés, il ne lui ressemblait en rien. Ses cheveux étaient blonds cendrés, ses yeux myosotis et son visage court et rond. Keon ne croyait pas aux similitudes caractérielles provenant de la génétique, pour elle, tout était question d'éducation. Mais l'idée qu'ils puissent partager les même origines la dégoutait. Il était tout ce qu'elle avait fui, tout ce qu'elle avait cherché à supprimer, incarcérer. Son boulot de flic lui manquait, se turlupiner la tête pour comprendre les esprits les plus dérangés et les surprendre, les manipuler sur leur terrain, et ressentir la jouissance de leur échec.

- Terminer ce que j'ai commencé.

Sur ce il se jeta sur elle : la même scène à chaque fois répétée. Keon l'évita et il ne put que lui saisir la cheville. Il tira, elle glissa et s'appaltit comme une crêpe sur le sol dans un son de claquement sec. Elle plaqua une main contre sa mâchoire qui avait heurté le carelage. Douloureuse sensation. Elle envoya son autre jambe à trois reprise dans le visage de son frère pour qu'il la lâche. Il grogna en beuglant, hors de lui. Il fut forcé d'abandonner sa cheville et ils se battirent au corps à corps. C'est ici, que keon sentit une douleur sur le haut de son crâne qui n'avait rien à voir avec ce rêve.

- On se retrouve tout à l'heure soeurette!
- Crève!

Elle se réveilla, le cul par terre, la tête contre la table de nuit. 6h48, indiquait son réveil. Elle se frotta le cuir cheuvelu et quitta sa chambre pour prendre une douche. Margareth, sa colocataire, devait sans doute encore dormir. Elle se massa la tête sous l'eau brulante et au sortir de la douche, s'appliqua un peu de syntol sur la mâchoire : elle lui était toujours douloureuse, et à raison, ces drôles de rêves laissaient des traces, le menton et la continuité de l'os sur la droite présentait des ecchymoses bleutées. Elle fouilla dans les affaires de Meg et trouva un tube de fond de teint. Voilà qui cacherait un peu et qui par chance peut-être éviterait d'avoir à sortir des explications saugrenuesn sur l'apparition soudaine de ces rougeurs.

Elle sortit de la salle de bain en serviette, s'habilla et descendit préparer le café. Qui dit samedi matin dit pancakes et miel de lavande. Elle en fit quelques uns en utilisant une poudre dans un sachet préparation rapide, et en déposa une dizaine, fumants sur la table de la salle à manger. Elle sortit un mug dont la propreté laissait à désirer. Foutu lave vaiselle qui laissait des traces blanches de calcaire, elle s'en chargerait peut-être aujourd'hui, bien que l'idée de démonter la tuyauterie l'ennuyait fortement. Elle se servit du café, prit deux pancakes et sortit dehors, sur le palier de bois légèrement déformé. Elle entendit bientôt Meg se lever. L'escalier donnait sur l'entrée et elle avait laissé la porte ouverte.

- J'ai fait du café et des pancakes si tu veux ..., dit-elle en la voyant descendre.

Meg n’avait pas eu de mal à trouver où se loger. Pourtant au début de ses recherches, elle craignait de ne pouvoir trouver un endroit acceptant de l’héberger pour environ un mois et à moindre coût. Margareth ne roulait pas sur l’or et ses petits boulots à droite à gauche lui laissaient simplement de quoi vivre quasi décemment à Sedona. Elle espérait que la vie à New Carby était un peu moins chère. Et ce fut le cas. Elle trouva une personne acceptant de l’héberger, une femme récemment installée à New Carby et qui acceptait les colocataires. A son arrivée devant la maison, Meg avait eu un mouvement de recul, considérant les fondations, elle se demandait comment la baraque pouvait encore tenir debout. Mais lorsqu’elle entra, l’intérieur était tout autre. C’était le jour et la nuit, la façade délabrée renfermait un intérieur chaleureux et des pièces joliment décorées et bien entretenue. Lors de la visite, qui dura moins de 10 minutes, elle eut le choix d’une chambre et pris celle qui semblait un peu plus cosy et plus adapté à son tempérament. La chambre aux couleurs chaudes lui avait tout de suite tapé dans l’œil, les rideaux épais couleur de terre et le cadre accroché au mur avait fini de la convaincre de prendre cette chambre. Elle n’avait pas vraiment fait la connaissance de sa colocataire, bien trop occupée de son côté à visiter la ville et ses alentours.

Elle allait se plaire à New Carby, elle en était persuadée.

Elle venait de passer plusieurs nuits dans cette chambre et enfin elle s’y était habituée. Elle s’y sentait à l’aise, elle avait trouvé son état d’Hozho, son équilibre, si chère aux indiens Navajos. Malheureusement, elle qui voulait faire la grasse matinée, avait été réveillée par un bruit sourd. Ayant une ouïe assez fine, elle avait prêté l’oreille aux sons extérieurs : des pas, une porte qui grince, de l’eau coulant dans les tuyaux puis... Elle s’était rendormie au son de l’eau voyageant dans les canalisations. Pour se réveiller quasiment deux heures plus tard, de bonnes odeurs lui parvenant jusqu’aux narines.

Elle était descendue, vêtue de son pantalon de pyjama, débardeur et petit gilet pour être descente, afin de prendre son petit déjeuné. Certains se réveillaient, allaient directement dans la salle de bains et finissaient par un bon petit déjeuné. Pas Meg ! Elle préférait se réveiller doucement avec un bon café et faire disparaitre les dernières traces de sommeil sous la douche. Keon Pitburry, sa colocataire, sirotait un café dehors, sur le palier. Elle n’avait fait que ce croisé depuis son arrivé et pour la première fois, elle allait partager un petit-déjeuner ensemble, ce qui ravie Meg, impatiente de faire un peu plus ample connaissance avec cette mystérieuse jeune femme.

Elle répondit à l’invitation de sa colocataire, se servit une bonne tasse de café fumante, nappa un pancake de miel qu’elle recouvrit par un autre, faisant ressembler le tout à un burger. Elle sortit à son tour et alla s’installer sur le petit banc château-branlant qui était accolé à la maison.

- Bonjour, ces pancakes sont délicieux ! Si c’est comme ça tout les samedis, je vais plus vouloir m’en aller ! Dit-elle avec un sourire, avant de reprendre une gorgée de café.

Il était un peu fort, mais elle n’en dit rien. Elle en aurait bien besoin, vu la journée qui l’attendait.